Nous n’avons pas créé ce blog pour relayer la parole d’un quelconque syndicat.

Nous sommes simplement des salariés de France 3 Normandie, désireux de vous informer de ce qui se passe concrètement dans vos télévisions régionales.

samedi 20 mars 2010

Depuis le 4 Janvier 2010

On nous le disait depuis un moment. L’entreprise unique allait bientôt voir le jour. Des semaines durant, fin 2009, tout le monde s’est interrogé sur le devenir de l’encadrement, et des services administratifs. Ces derniers devaient être regroupés, économie d’échelle oblige. Mais c’était promis, on n’obligerait pas les salariés à partir ailleurs. On attendait sans trop savoir. Au sein des rédactions, la vie continuait, tout simplement.

Le 4 janvier, la réforme a commencé. C’est arrivé doucement dans l’après-midi. Par mail. Ce lundi là, à mois de trois mois des élections régionales, les salariés ont découvert que la plupart de leurs directeurs régionaux étaient mutés ailleurs, idem pour leurs rédacteurs en chefs. C’était le cas en Normandie.

Toute la hiérarchie a été bouleversée sans que les principaux intéressés aient leur mot à dire. Les anciens responsables sont partis, on attend encore parfois les nouveaux. Certains cadres dirigeants ont vu leurs fonctions s’amoindrir, et pour certains disparaître. On le leur a pas encore expliqué ce qu’ils allaient devenir, quand on ne leur a pas proposé de partir, purement et simplement.

Quand aux régions, elles ont disparu. La France a été coupée en 4. Haute et Basse-Normandie n’existent plus administrativement. Elles ont été rattachées à Rennes.

Depuis, tout le monde attend.

En se demandant qui seront les prochains inscrits sur la liste des réformes à venir.

Toutes les conventions collectives doivent être revues dans le cadre de la mise en place de l’entreprise unique.

Les négociations sont en cours. Théoriquement, le 7 juin prochain, les nouvelles conventions doivent remplacer les anciennes.

dimanche 14 mars 2010

France 3 : Les raisons d'une grève

En Normandie comme dans les autres régions, à Paris et en Outre-Mer, la soirée spéciale du 14 mars consacrée aux élections régionales sur les chaines de France Télévisions est perturbée par un important mouvement de grève. Il ne s'agit pas d'un caprice des personnels mais d'une nouvelle étape dans la crise profonde qui frappe votre télévision publique depuis deux ans. Dernier épisode en date, la cession de France Télévision Publicité à un groupe privé proche du pouvoir.

Cette crise a des causes politiques et financières. En supprimant brutalement la publicité après vingt heures, l’Etat-actionnaire a délibérément choisi d’affaiblir France Télévisions. Le manque à gagner est vertigineux : 30% de nos revenus se sont envolés. Comme dans d'autres services publics sacrifiés, ce sont l'emploi, les conditions de travail des salariés et la qualité du service qui sont censés absorber le choc financier.

D'abord sous la forme d'un plan social masqué: 700 départs non remplacés, abandon de nos collègues en CDD, dont certains attendent une intégration depuis des années. Faute de moyens appropriés, nos programmes régionaux disparaissent, notre développement sur internet est laissé en plan, tandis que la fabrication des JT devient de plus en plus tendue.

Dans le même temps, la fusion des chaines publiques en une seule entreprise, imposée elle aussi par la tutelle, est l’occasion d’une recentralisation forcée. Il ne s'agit pas seulement de la nomination de notre Président directement par l'Elysée. Nos stations régionales dépendent désormais de quatre grands « Pôles de gouvernance » couvrant chacun un quart du territoire national (Caen et Rouen étant dorénavant rattachés à Rennes.) Les étages hiérarchiques se multiplient quand le terrain manque de bras. Les créneaux horaires attribués aux régions en dehors du JT sont indécents et la politique de programmes régionaux une des plus faible d'Europe.

Mais la réorganisation de France Télévision, c'est aussi l'obligation de renégocier nos conventions collectives. Cette négociation est en cours, elle est dure et inquiétante. Productivité, flexibilité, polyvalence, mobilité, individualisation... Tout est bon pour absorber le déficit créé par la suppression de la publicité, le recul social est sans précédent. Ce sont les femmes et les hommes du terrain, mais aussi la diversité et la qualité des programmes qui en feront les frais.

Inquiets pour nos métiers, pour nos programmes et nos antennes, nous avons choisi de nous mobiliser à l'occasion des élections régionales. C’est avec amertume que nous nous y sommes résolus, après huit mois de négociations laborieuses. C'est le meilleur moyen de nous faire entendre de notre direction parisienne et du gouvernement. C'est l'occasion d'interpeller les partis politiques au moment ou la décentralisation et l'aménagement du territoire sont en question dans les urnes. C'est aussi un appel dans votre direction, citoyens, téléspectateurs, qui voyez chaque jour les services publics remis en cause et repris en main.

Attachés à nos missions, nous nous battons pour infléchir cette politique d’abandon, afin de redonner à notre télévision publique régionale les ambitions et les moyens que méritent nos territoires.

Parce que « de près on se comprend mieux » !


Les personnels grévistes de France 3 Normandie, dimanche 14 mars 2010